Les paysages passagers

Les déplacements, ce moment suspendu dans le temps

Le voyage est une multitude de déplacements. Tous les quatre jours, on replie le sac, et c’est reparti. On prend le bus, l’avion, on y va en taxi. A chaque instant où on referme le sac, je sais qu’on va repartir, c’est la règle du jeu. Seulement, j’ai toujours cette même boule au ventre de savoir que c’est reparti. C’est plus fort que moi. Je peux être totalement fan de la destination, je suis prise d’une montée de nostalgie. C’est peut-être qu’au fond, je sais que je ne reverrai plus cet endroit. Ou peut être que fermer le sac, me fait repenser au départ en France, alors le manque de mes proches augmente à ce moment-là. Je ne sais pas.

La beauté du bus

Cela fait presque 7 mois qu’on est parti. Nous en sommes à 155 heures de bus et 33 heures d’avion. Ça en fait des déplacements. On en a parcouru des kilomètres. Toujours avec cette montée de nostalgie à chaque départ. Mais elle est ensuite transformée en une montée de surprise, de bonheur parfois lorsqu’on arrive. C’est vraiment ce départ qui est étrange. Cet envahissement de sentiments incontrôlables.

Par contre, une fois assise dans le bus, ce sont les idées qui fusent. Les souvenirs s’enchaînent, de ce qu’on a vécu sur le moment, dans ce court temps où on est resté dans une ville. C’est comme si le bus était la conclusion. Une remémoration des événements passés. Une façon aussi de dire au cerveau de ne pas les oublier. C’est probablement une façon de savourer, même après, ce qu’on a eu la chance de vivre.

Comme le dit mon Baptou dans son article, il arrive un moment où on oublie à quel point ce qu’on vit peut être fou. On rencontre des gens qui font la même chose. Parfois, d’autres qui en ont fait encore plus. Alors, ça devient normal. Rien d’exceptionnel. On s’habitue. Or, c’est une faute grave. C’est comme ça que même en voyage, on peut tomber dans une routine désagréable. Parce qu’on est plus si étonné, plus tant émerveillé. Mon remède ? Un départ.

Travailler la mémoire

Le départ pour moi, ça sert à ça, à travailler la mémoire. Quand je n’arrivais pas à m’endormir, mon père me disait qu’il fallait que je me remémore tout ce qu’il s’était passé dans ma journée. Du petit déjeuner, au coucher, de cette façon, je faisais travailler ma mémoire, mais aussi cela m’aidait à canaliser mon énergie pour faire comprendre à mon corps que la journée été finie, qu’il était tant de dormir. Pour moi, les trajets représentent à peu près la même chose. C’est le temps qui passe. Une aventure finie, des souvenirs remémorés pour ne pas les oublier, mais laisser la place à d’autres qui vont arriver. Regarder par la fenêtre, se laisser porter par la nature que l’on découvre à ce moment là. Pour une si courte durée. On passe juste devant.
C’est arriver à transformer la nostalgie pour qu’elle soit bénéfique à ce moment.

L’effet « Poupées Russes »

Je revois toujours le début des poupées russes, où Romain Duris est dans le train, et qu’il écrit sur son ordi. C’est un peu cet effet que ça me fait. J’ai l’impression que si je pouvais écrire (si ça ne me donnait pas envie de vomir), je serai plus productive dans un bus, un train ou un avion. Pouvoir regarder par la fenêtre et voir les paysages défiler. Comme une source d’inspiration ou une envie, à ce moment, de déverser ce que j’ai sur le cœur. Parce qu’à ce moment-là, j’ai plein de choses sur le cœur.

Je repense toujours aux choses vécues, aux amis en France. Comment je vais pouvoir leur décrire ce que j’ai vécu sans passer pour « madame je sais tout de l’Amérique du sud » ? Parce qu’en fait, je n’ai pas vu grand-chose. Pour moi, c’est fou. Mais au final, on ne peut pas tout faire. Baptiste dit qu’il faudrait deux vies pour tout découvrir, et je suis d’accord avec lui. Il faudrait rester un an par pays pour vraiment le découvrir, et encore. Mais je n’ai pas cette patience là. Ce que je veux, c’est voir, découvrir, partager, et puis rentrer. Parce que ce que j’aime aussi par-dessus tout, c’est ma vie à Toulouse.

Comments (1)

  • Christophe Debens
    31 janvier 2019

    si tu ne peux pas (d)écrire ce que tu vois depuis le bus, ce n’est pas grave, ce que tu as sur le coeur et à l’esprit à cet instant ne sera jamais perdu, juste bien ancré quelque part et ressortira un jour. Ma chère Margot, 40 ans après mon voyage en Amérique du Sud, je crois ne rien avoir oublié de ces instants magiques, difficiles ou tendres, des paysages, des gens et des rencontres… Les sensations sont toujours là. Bonne continuation et à bientôt. Christophe

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