Dans le village de San Pedro la lagune, au bord du lac Atitlan, j’avais entendu parler d’un atelier de femmes qui donnaient différents cours. Je suis donc allée à la découverte de cet atelier pour me faire une idée.
J’ai été accueillie par toutes ces femmes qui m’ont proposé des cours de tissage, de broderie, de couture machine, de bracelets en perles, et même de cuisine. Une chose était sûre, c’est que j’étais au bon endroit. J’étais avec la famille dont je vous ai déjà parlé, Stéphanie est venue avec moi. Elle a réservé pour un cours de bracelet en perles pour elle et ses trois enfants, et moi, j’ai réservé mon premier cours de tissage.
Le lieu
C’est un grand lieu en face du seul musée de San Pedro. Chaque femme a un stand à elle, elles ont chacune une profession. Il y en a qui cousent en machine, d’autres qui crochètent, d’autres qui ne font que des perles ou du tissage. Le lieu est clair et grand. Tout un espace est vide. Et bien c’est là, assise par terre ou sur des petits tabourets que les cours se font.
Les Guatémaltèques sont adorables et ils sont aussi très tranquilles. Nous sommes arrivés le lendemain à l’heure pile où nous avions rendez-vous. Rien n’était prêt. Les femmes mangeaient au milieu de l’atelier assises par terre. Pour tout dire, on avait un peu l’impression de les déranger. Le cours à mis du temps a se mettre en place. Finalement juste le temps de pouvoir regarder toutes leurs créations et d’acheter des souvenirs.
Les premiers pas
La veille, j’avais expliqué aux femmes que j’étais couturière en France, sans leur montrer ni leur prouver ce que je savais faire. Elles m’ont fait confiance. La professeur de tissage est donc venue vers moi en me disant : « viens, je vais te montrer la première étape ». Me voilà donc partie avec elle pour dérouler et enrouler du fil autour d’une planche en bois. Une chorégraphie à retenir pour créer le même dessin à chaque fois. Enrouler le fil autour de piquets de bois. C’était de bonne augure. Cela me plaisait déjà. J’ai alors enroulé du fil pendant plus d’une demie-heure. Elle m’avait fait choisir la couleur de mon fil et m’avait montré les petits bouts de bois qui allaient ensuite servir de métier à tisser. J’étais déjà emballée, et épatée par ce que j’allais apprendre.
Les étapes
Une fois qu’elles ont eu fini de manger, la femme est venue me voir en me disant : maintenant deuxième étape. Elle avait trouvé que j’avais vite compris le fonctionnement la veille. Donc, elle me montrait tout très vite, mais ma concentration était telle que je réussissais à saisir.
Elle met les fils dans un sens, d’autre dans l’autre. Puis, elle coud la moitié des fils (un sur deux) ensemble, pour ensuite avoir plus de facilité à les séparer. Elle me fait enrouler du fil autour d’un bout de bois. Je me demande si je vais commencer à tisser. L’impatience m’avait envahi tellement l’envie d’apprendre était bien présente.
J’ai tissé !
Cela s’appelle le tissage à la ceinture. Le métier à tisser est fixé sur un poteau au milieu de l’atelier. Puis il est ensuite passé autour de mon bassin pour le maintenir. Il faut se tenir un peu en arrière, contracter ses abdos pour pouvoir trouver la bonne position et pouvoir y rester des heures.
Le bout de bois que j’avais entouré de fils est devenu mon fil de trame, je l’entrelace dans chaque fil de chaînes pour donner vie à un tissu. Une fois d’un côté, puis on sépare les fils, on repasse le fil, on change le sens des fils, on repasse le fil, on sépare les fils et on repasse le fil. Ce sont ces quatre étapes qui sont répétées à l’infini.
Ma professeur est restée à coté de moi, puis au bout d’un moment, elle bavardait avec d’autres, elle regardait ailleurs ou alors elle disait aux autres femmes que je faisais bien le mouvement. Elles sont donc toutes venues voir ce que j’étais en train de faire. J’étais tellement concentrée que j’en oubliais de respirer. Une d’entre elles est donc partie en fou rire tellement j’étais rouge. Je ne pouvais pas rigoler, j’étais trop concentrée !
J’aime ce que je vis
J’étais en train d’y arriver, de découvrir l’univers du tissage, avec des femmes qui me complimentaient. J’étais sur un petit nuage. Tellement, que je n’ai pas vu le temps passé. Le cours devait durer une heure, il en a duré plus de trois ! Je suis repartie avec mon métier à tisser et mon ouvrage pour pouvoir le continuer. C’est une pièce qui représente du coup beaucoup de choses pour moi. C’était un beau moment. On était tous concentrés, Bastien, Angèle, Alice, Stéphanie et moi. C’était un beau moment. Une bulle de concentration nous avait entourés. Ils ont tous fini leur bracelet. Moi, j’avais donné vie à un bout de tissu, je ne revenais pas de ce que je venais de faire. C’était beau. J’adorais ça.
Ça définissait le début du tissage. Ça ne fait que commencer.