Après Bogota et Medellin, qui sont quand même deux villes très polluées, nous avons décidé de passer quelque temps dans un petit village appelé Guatapé. J’avais vu des photos et ça avait l’air magnifique. Alors nous prenons le bus direction le petit village, pour nous mettre au vert et baisser notre garde. Plus le voyage avance et plus on se rend compte que les petites villes sont les villes que nous préférons. Pouvoir tout faire à pied, se balader sans absorber trop de pollution, juste flâner sans avoir grand-chose à faire.
L’arrivée
Il y a 80 km qui séparent Medellin de Guatapé, pour autant le bus met 2 heures. Les routes sont étroites et très sinueuses, mais la route passe relativement vite. Nous avons rencontré des Canadiens sur la route, et avons passé deux heures à discuter avec eux, comme quoi les routes nous réussissent !
Dès l’arrivée, on sent un air calme. On se dit : « Tiens, tu entends ? », « Oui, rien ». Les seuls bruits sont provoqués pour les tuk-tuk, les musiciens et le vendeur de café. Ça fait un bien fou.
On pose nos affaires, et on part se balader. On découvre une ville colorée, chaque maison est de couleur différente, des peintres sont en train de peindre des façades. Il y a des cours de peinture. Les couleurs, les rues pavées, c’est entre San Cristobal et Antigua. Même les tuk-tuk sont décorés. Ici, tout est beau.
Sur la place du village, qui fait office de place de l’Église, place du marché, etc. Les enfants jouent, des musiciens s’entraînent à la flûte, d’autres jouent de la guitare, les gens sourient et se parlent. Quel bonheur !
Les gens
Ça y est, la peur est partie, les gens se parlent. Ils n’ont pas peur les uns des autres. On s’assoit sur la place à l’ombre, on ne fait rien, mais qu’est-ce que ça détend. De ne rien pouvoir faire, juste regarder la fontaine. Un homme qui vend du café vient nous parler. Nous n’avions pas envie de café, il nous a parlé de tout et de rien pendant plus d’une demi-heure. Nous avons fini avec un café chacun, il est bon le con ! Mais on apprécie, il nous parle de la corruption, le mot qu’ils ont le plus dans la bouche ici, du Venezuela malheureusement, et de bien d’autres choses. Un débit de paroles hallucinant, mais intéressant. Je me concentre pour arriver à tout comprendre, entre l’accent colombien et le débit, parfois il y a encore des détails qui m’échappent.
« Con Gusto »
Ici, tout est fait « con gusto », c’est-à-dire, avec plaisir. Et ça se ressent. C’est un con gusto accompagné d’un sourire. L’ambiance est vraiment une ambiance de village, tout le monde se connaît, les gens se disent tous bonjour. Alors quand on arpente cette jolie petite ville, on se perd dans des petites rues. Et lorsque nous croisons des habitants, un échange se fait, que ce soit un sourire, un bonjour, il y a un échange. Voilà, j’ai trouvé ce qui me manquait dans les grandes villes. Je crois que je ne supporte pas l’ignorance ou l’absence de sourire. Mon père me disait toujours « un sourire ne coûte rien mais produit beaucoup, il enrichit celui qui le reçoit sans appauvrir celui qui le donne ». Et bien, c’est peut-être devenu mon leit motiv ! (Merci papa !).
La Piedra
C’est l’attraction incontournable de Guatapé. Monter à la Piedra. C’est une immense pierre sur laquelle on peut monter pour avoir une vue imprenable sur tout le lac qui entoure Guatapé. 700 marches, il faut se le gagner, mais finalement une fois arrivé là-haut, on se rend compte que ça passe vite (j’ai monté un volcan maintenant aussi alors je me dis que je n’avais pas le droit de râler pour une demi-heure de montée). Et puis, la vue nous fait vite oublier ces marches. Au sommet, un drapeau de la Colombie attend les arrivants pour la photo souvenir. Mais surtout, une vue panoramique sur tout le lac. Entre lac et terre, chacun a trouvé sa place, c’est bien fait, c’est beau, la nature est forte quand même. Je crois que mon voyage en Colombie commence ici, je me sens bien, ça fait du bien.
Prendre le temps
C’est vrai que ce n’est pas la destination où il y a mille choses à faire, mais entre se balader le long de la lagune, profiter des tuk-tuk pour visiter les alentours, pouvoir faire du jet-ski, du paddle ou encore du canoé, on peut toujours trouver de quoi s’occuper. Ensuite, on a aussi le droit de prendre son temps. Flâner dans les rues, rentrer dans toutes les boutiques, écouter les musiciens. Plusieurs fois, nous avons pris un café (café qui est carrément délicieux ici, bien qu’il l’était déjà au Mexique et au Guatemala !) sur une petite place. Le week-end il y a des circuits accompagnés pour visiter Guatapé, les gens arrivent en bus, font un tour de la ville, vont monter la pierre et repartent. Alors, il y a un défilé de touristes comme nous sur cette place, chaque demi-heure, le groupe change, j’adore regarder les gens.
Observer les différents comportements, entre celle qui veut absolument que sa frange soit plaquée sur la photo, mais qu’il y a trop de vent ; celui qui veut faire un selfie avec la sculpture, mais qui ne sait pas encore bien calculer l’angle ; celle qui veut que son bébé ouvre les yeux sur la photo, le pauvre, il dormait ; d’autres plus pudiques qui prennent une photo parce que leur copain leur a dit « Allez, pose s’il te plait » ; celle qui aimerait que son chien la regarde, mais malheureusement il a vu un autre chien ; celle qui a mis son plus bel habit et qui veut être seule sur la photo ; on voit de tout. Je pense qu’on va être présent sur pas mal de photos tellement on aimait aller sur cette place regarder les gens.
Tout petit
Le premier jour, un chien nous a suivis, on l’a appelé Pedro (Roberto c’était déjà pris). Pedro nous a donc suivis pendant 2 heures, en balade. Puis il s’est endormi et nous sommes partis. Le lendemain je voulais revoir Pedro, malheureusement je crois qu’il choisit un couple par jour pour les suivre. Je l’ai vu avec un autre couple, j’avais le cœur brisé, maintenant, j’ai cicatrisé. Pour vous dire à quel point Guatapé est petit, je voyais Pedro à peu près deux fois par jour. On connaissait notre hôte à qui on disait bonjour chaque matin de notre balcon, le nom de plusieurs guitaristes, du monsieur qui vendait le café et bien des têtes étaient connues. On était dans un village et on a adoré ça.